THÈMES 22 - PROGRAM SAMPLER

LEXIQUE mal à l’aise déconcerté(e), gêné(e) le comportement conduite, attitude, manière d’agir à la légère avec insouciance, sans réfléchir accueillir offrir l’hospitalité tâtonner chercher avec difficulté, comme dans le noir renvoyer relancer ou retourner quelque chose —Pas trop de difficultés dans tes études? —Je ne crois pas, non, répondis-je. Et puis quand je prends du retard, je vais voir mon conseiller, ça m’aide beaucoup. —C’est vrai, dit Gordon en se retournant vers ses deux adjoints, les conseillers se sont toujours révélés très utiles pour les étudiants étrangers. J’eus la sensation qu’il avait insisté sur le mot étranger, mais c’est peut-être l’accent du Texas qui a tendance à traîner en fin de phrase. Il parlait lentement, ses grands yeux bruns ne me quittaient pas, je commençais à me sentir mal à l’aise , ne sachant pas si je devais continuer de le regarder ou porter mes yeux sur les deux autres. L’un était roux, l’autre blond cendré, ils paraissaient chétifs aux côtés de cette masse de viande et d’os qu’était Gordon Gotch. Jusqu’ici, ils n’avaient pas ouvert la bouche, sauf pour me saluer. —Ceci, bien sûr, est une réunion tout à fait informelle, dit Gordon. —Tout à fait informelle, répéta le garçon roux. Le blond ne dit rien. Il se passa un moment sans que personne ne bouge. J’attendais. —Nous comprenons fort bien, reprit Gordon, qu’un étranger, un étudiant étranger, mette un peu plus de temps que les autres à s’habituer à nos traditions. Nous le comprenons. [...] Il se pencha vers moi. —Tout va très bien, me dit-il, tout le monde est très content de ton comportement sur le campus, mais voilà… la Règle de la Parole, nous avons reçu des informations selon lesquelles tu ne t’y conformais pas. Pas vraiment. —Mais ça n’est pas vrai, dis-je. C’est faux. Gordon sourit. Il se redressa sur son siège, sûr de son fait. —Attends, s’il te plaît. Le Comité d’Assimilation n’a pas pour habitude de lancer des affirmations pareilles à la légère. Nous vérifions toujours. —Toujours, répéta le garçon roux. Le blond opina de la tête, sans parler. —Mais je dis bonjour, protestai-je, je suis désolé, je salue tout le monde, et je réponds au salut des autres. Pour la première fois depuis qu’il m’avait accueilli dans la salle, Gordon eut l’air gêné. Il cherchait ses mots. Ses gros sourcils bruns se fronçaient sous l’effort. —Tu dis bonjour, c’est vrai, mais… Il tâtonnait , penchant sa lourde tête vers la table, comme pour éviter de faire face à mon indignation. —Mais quoi? dis-je. Quoi? Gordon Gotch continua sur un ton de regret embarrassé. —Ça n’est pas que tu ne dises pas bonjour, ou que tu ne renvoies pas les saluts, ça n’est pas ça, nous avons vérifié. Nous sommes d’accord, ce n’est pas cela. Il répéta: —Là n’est pas la question. Puis il lâcha, comme si c’était une notion énorme et qu’il avait eu quelque pudeur à exprimer: —C’est que tu ne souris pas en le faisant. Il appuya en répétant: —Tu ne souris pas en le faisant, en laissant, cette fois à chacun de ses adjoints le soin de répéter la phrase essentielle. Le blond et le roux eurent vers moi le même regard qui voulait dire: eh bien voilà, ce n’est pas compliqué, tout de même! Tout alla très vite ensuite. Je ne savais pas quoi répondre et le Comité d’Assimilation, de son côté, semblait estimer qu’il avait rempli sa tâche. Gordon se leva, me serra la main. […] 25 30 35 40 45 50 55 60 65 34 CONTExTE 3 LES RAPPORTS SOCIAUx